Trump lâche l’Ukraine. Poutine avance ses pions. L’Europe face à ses responsabilités.

C’est une décision qui fera date. Ce 02 juillet 2025, Donald Trump a suspendu une nouvelle tranche de livraisons militaires à l’Ukraine. Missiles Patriot, munitions de 155 mm, systèmes de défense aérienne : autant d’armes vitales qui resteront désormais stockées sur le sol américain, alors que les troupes russes progressent autour de Kharkiv et que l’armée ukrainienne peine à défendre son ciel.

Ce n’est pas une surprise. C’est la confirmation d’un tournant. Trump l’avait annoncé, Trump l’a fait. L’Amérique se retire, l’Ukraine se retrouve exposée, et l’Europe face à ses contradictions. Plus que jamais, notre sécurité dépend de nous.

Le récent sommet de l’OTAN à La Haye a laissé un goût amer. Derrière les grandes déclarations, c’est la réalité d’une alliance sous tension qui s’est imposée. L’Ukraine ? Pratiquement absente des discussions. L’article 5 ? Évoqué du bout des lèvres. Et surtout, une pression toujours plus forte sur les Européens pour accroître leurs dépenses militaires sans réelle cohérence stratégique. Cette mise en scène servait un objectif : ménager Donald Trump, comme s’il fallait à tout prix éviter de le froisser, même au prix de notre cohésion.

Pendant ce temps, Vladimir Poutine avance ses pions. Il ne bombarde pas seulement des positions militaires : il bombarde notre crédibilité. Il teste nos limites, il observe nos silences, et il se nourrit de nos ambiguïtés. Chaque recul américain est pour lui une opportunité. Chaque hésitation européenne, un feu vert.

Et il ne s’en cache même plus. « Moins il y a d’armes livrées en Ukraine, plus proche est la fin de l’opération militaire spéciale », s’est félicité Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, quelques heures après l’annonce américaine. Ce cynisme n’est pas nouveau. Mais il est désormais public, assumé, revendiqué. Voilà où mènent les renoncements successifs de l’Occident.

Il faut appeler les choses par leur nom : Donald Trump est en train de redessiner, seul, l’équilibre stratégique de notre continent. Non pas en négociant une paix, mais en renonçant à la défendre. Et ce renoncement, il nous le fait payer cash. Pas seulement en armes, mais en influence, en souveraineté, en liberté.

Alors que faire ? Il faut dire les mots qu’on a trop souvent retenus : l’Europe ne peut plus être un sous-traitant stratégique de Washington. Nous devons reprendre notre destin en main, pas dans la posture mais dans l’action. C’est le sens du travail que nous portons depuis des mois au Parlement européen : soutien massif à la défense ukrainienne, investissement dans une base industrielle européenne de défense, coopération accrue avec nos partenaires baltes, polonais, scandinaves, qui ont compris l’urgence bien avant d’autres.

L’Europe peut. Elle en a les moyens, les talents, la légitimité. Mais elle doit choisir : la complaisance ou la clarté. L’alignement ou l’autonomie. Car si nous ne défendons pas l’Ukraine aujourd’hui, qui viendra défendre l’Europe demain ?

Il n’y a pas d’alternative crédible à une Ukraine libre, indépendante, et tournée vers l’Europe. Ce n’est pas un cap géopolitique, c’est un impératif moral et stratégique. Trump lâche l’Ukraine. Nous, Européens, n’avons pas le droit de faire de même.